La myopathie atypique est une maladie musculaire touchant les équidés de toutes espèces (chevaux, poneys, ânes, zèbres, …) qui séjournent en pâture la majeure partie de la journée. Elle est douloureuse pour l’animal, mortelle dans 75 % des cas et dans les 48 à 72 heures suivant le début des symptômes.
Comment l’attrape-t-on ?
Elle est due à l’ingestion, en broutant, de graines (samares) et de plantules (jeune pousse issue de la germination de la graine) de certains érables qui contiennent une molécule toxique, l’hypoglycine A.
Une faible dose de cette toxine suffit pour être mortelle, soit une poignée de samares ou de plantules.
Quelles sont les saisons à surveiller ?
Il y a deux saisons à risque : l’automne (saison des samares pendant laquelle la pluie favorise leur tombée au sol et le vent leur dissémination) et le printemps (période de germination des samares et donc d’apparition des plantules).
Quels sont les érables contenant cette toxine mortelle ?
Les deux érables à éviter sont l’érable sycomore pour l’Europe et de l’érable négundo pour l’Amérique du Nord.
L’érable de Norvège ou érable plane et l’érable champêtre sont inoffensifs pour les chevaux.
D’autres érables (érable du Japon, érable argenté, érable de montagne, érable à sucre) ont des graines contenant de l’hypoglycine A mais les doses sont trop faibles pour causer un empoisonnement.
Comment la maladie agit-elle ?
L’hypoglycine A, en se dégradant, va perturber le métabolisme et le transport des lipides, substrats énergétiques essentiels aux cellules musculaires. Il s’ensuit une destruction soudaine et massive des muscles posturaux, respiratoires et cardiaque.
La maladie n’est pas contagieuse. Mais comme elle est liée aux conditions environnementales, elle peut toucher tous les chevaux pâturant dans la même prairie.
Quels sont les animaux les plus touchés ?
Tous les équidés sont concernés.
Toutefois, certains chevaux seront plus facilement touchés : jeunes chevaux de moins de 3 ans (surtout les poulains de 18 mois), vieux chevaux, chevaux maigres ou d’embonpoint normal (les chevaux obèses semblent plus résistants), chevaux non vaccinés et non vermifugés.
Quels sont les symptômes ?
Il est important de reconnaître les symptômes pour agir précocement:
– faiblesse, abattement : les chevaux sont épuisés, léthargiques. Ils sont souvent retrouvés couchés, incapables de se lever. Lorsqu’ils essaient, c’est avec difficulté et ne peuvent rester debout très longtemps
– appétit : paradoxalement, l’appétit est conservé, peut même augmenter. C’est un symptôme qui peut tromper sur la gravité de l’état de l’animal. Les chevaux continuent de manger mais avec une certaine difficulté
– raideur musculaire (due à la paralysie): les chevaux sont réticents à marcher. Lorsqu’ils le font, on peut observer une raideur des quatre membres, surtout aux membres postérieurs
– coliques
– tremblements musculaires, transpiration
– urine foncée, brune à rouge
– muqueuses (gencives) cyanosées, foncées rougeâtres à violacées
– fréquences cardiaques et respiratoires élevées
– détresse respiratoire (dans les cas les plus sévères)
Quel traitement administrer ?
Comme il n’existe pas d’antidote à la toxine, le traitement consistera à lutter contre les symptômes pour aider l’animal à résister à la toxine en, entre autres, lui donnant des antalgiques pour réduire la douleur, en le perfusant pour maintenir une bonne hydratation, en sondant sa vessie pour éliminer la toxine et préserver ses reins, …
En attendant la venue du vétérinaire, il est conseillé :
– de limiter les déplacements du cheval car ils aggravent son état en accélérant la destruction musculaire
– de le placer dans un endroit abrité et calme pour lui éviter tout stress
– de le surveiller
– de le sécher avec de la paille s’il transpire
– de lui donner de l’eau sucrée, du foin à volonté et de petites fractions de concentrés compte tenu de ses difficultés de déglutition
– de récolter son urine (si possible) que le vétérinaire analysera à son arrivée
Les survivants ne présentent pas de séquelles. Mais leur fonction cardiaque reste à surveiller dans les mois qui suivent leur guérison.
Que faire en prévention ?
Il est possible de protéger ses chevaux en agissant préventivement et en faisant preuve de vigilance lors des saisons intermédiaires (printemps et automne) :
– faire un tour des pâtures et évaluer les risques : ne pas faire paître les équidés dans des secteurs où se trouvent, en l’état, des érables sycomores, des samares au sol (les graines peuvent voyager très loin), des plantules. S’il y en a, il est conseillé, au préalable, de détruire les plantules, de tailler les érables pour éviter la production de fleurs et de graines et de retirer les amas de feuilles à l’automne
– vacciner et vermifuger régulièrement les chevaux
– supplémenter les chevaux en prairie avec une ration de concentrés au printemps et à l’automne et mettre une pierre à lécher en permanence à disposition
– ne pas donner de ration à terre pour éviter l’ingestion de samares qui se trouveraient au sol
– nettoyer les abreuvoirs, préférer l’eau de distribution et surveiller les eaux stagnantes
– rentrer les chevaux à l’écurie lorsque les conditions climatiques sont défavorables (pluie, vents, …) pendant les périodes à risque et lorsqu’un cas de myopathie atypique se déclare. Si cela n’est pas possible, limiter l’accès aux prairies à quelques heures dans la journée et choisir les prairies les plus fournies (pas d’herbe rase, ni de feuilles ou de branchages jonchant au sol)
– ne pas mettre les chevaux dans les prairies qui ont eu des cas de myopathies atypiques dans le passé durant les saisons à risque